Analyse de la balance commerciale 2011 de la France

sources : documents du Ministère du Commerce et de l’Industrie : dossier de presse du 7 février 2012.

 

1) Synthèse : solde négatif de -70 Md€ (pour – 52 Md€ en 2010)

La balance commerciale  2011 est négative, et elle enregistre une nouvelle dégradation par rapport à 2010.

Les flux (importations = 498 md€ et exportations = 429 md€) sont en hausse sensible (respectivement + 12% et + 9%), ce qui traduit une reprise forte des échanges avec le reste du monde; évidemment le fait que les importations augmentent plus vite que les exportations est préoccupant.

Le solde des importations – exportations d’energie connait d’importantes fluctuations, sous le double effet de la variation dollar contre euro (le pétrole et le gaz s’achètent en dollars) et surtout sous l’effet du prix du pétrole, très fluctuant; peu de gens savent que si la France est un gros importateur d’énergie ((87,2 Mds en 2011), elle est aussi un exportateur important (24,8 Mds d’€), principalement d’électricité.

Ainsi les 3/4 de la détérioration su solde 2011/2010 ( 18 md€) s’explique par la détérioration du solde énergie.

Hors énergie cependant le solde de la balance commerciale reste négatif, et la dégradation s’accentue par rapport à 2010 (-25 mds € contre -20 en 2010 et -14 en 2008) : ceci signifie que les échanges commerciaux de produits agricoles, agroalimentaires et industriels sont significativement déficitaires (7% de la valeur des exportations).

La tendance à la dégradation observée depuis le début de la décennie 2000 ne s’inverse pas.

 

2) Poids relatif de la France dans le commerce mondial

a) Sur le marché mondial

La part de marché de la France dans le commerce mondial est de 3,3 % en 2011 … contre 4,9% en 2003 : l’érosion est forte; elle est la résultante à la fois d’une perte relative d’importance de la France par rapport aux autres pays industriels, mais aussi d’une part croissante prise par les économies dites émergentes, ou plutôt émergées !! (Chine, Brésil, Russie).

A titre d’exemple la part de marché de l’Allemagne est de 8,4% (2,5 fois plus que la France) , Italie 3%, Espagne 1,6%.

La France conserve en 2011 sa place de 5ème exportateur mondial de biens, l’Allemagne est passé 2ème en 2009, derrière la Chine.

b) Au sein de l’OCDE

La part de marché de la France vis à vis de l’OCDE (principaux pays industrialisés hors pays dits émergents) est passé de 8% en 2002 (8,6% en 1980) à 6,2% en 2011, soit une baisse de 25% : c’est considérable ! C’est une autre façon d’illustrer la perte de compétitivité de la production made in France par rapport non pas à la Chine, mais à d’autres pays comparables, sur la dernière décennie.

Pour être totalement rigoureux dans l’analyse 5 pays ont rejoint l’OCDE depuis 2000 : Chili, Estonie, Israel, Slovénie, République Slovaque : l’OCDE s’étant élargi depuis 2000, toutes choses égales par ailleurs, comme l’on dit, il est normal que la part de marché de la France se soit légèrement réduite, même si ces pays, sans vouloir être désobligeant, ont une écnomie qui pèse peu !

  • A titre d’exemple celle de l’Allemagne est de 16,2%, contre 14,5% en 2002, soit en augmentation significative.
  •  la part 2011 des Etats Unis est de 16,7%, du Japon de 9,6%, toutes deux stables sur la décennie 2000-2010.
  •  Pour mémoire la part 2011 de l’Italie est de 4%, en déclin continu depuis 1995 (6,3%), celle de l’Espagne de 3,1% (2,9% en 1995), celle du Royaume-Uni de 6,1% (dito la France), contre 6,8% en 2003 et 7,1% en 1995.

 Hors l’Allemagne le déclin de la part de marché au sein de l’OCDE des grands pays européens sur la dernière décennie est une réalité.

3) Balance commerciale par principaux secteurs d’activité

Les produits agricoles, l’agroalimentaire, les boissons, le matériel de transport (hors automobile et aéronautique), l’aéronautique,les produits chimiques et les parfums/cosmétiques et dans une moindre mesure la pharmacie ont un solde positif depuis plusieurs années.

Les trois 1ers excédents sont dans l’ordre l’aéronautique (17,7 Mds en 2011), l’agroalimentaire (11,4 Mds), le matériel de transport (11 Mds); le 4ème est représenté par les boissons (9,5 Mds).

  • L’agroalimentaire est en excédent de 11,4 Mds, soit son record historique . La France conserve son 4ème rang mondial : sourires !

Cependant l’Allemagne et les Pays-Bas sont devant la France au classement mondial : voilà qui prête à réflexion, lorsque l’on connait les atouts de la France (forte agriculture) et la puissance de sa tradition culinaire; il faut corriger ses faiblesses et développer ses forces : l’agroalimentaire en est une, mais elle n’est pas au niveau que l’on pourrait espérer.

  • L’aéronautique reste plus que jamais le point fort des exportations françaises, gràce aux succès d’Airbus; il progresse fortement ces dernières années (il était autour de 9Mds sur la période 2002 -2005).

L’automobile, les biens d’équipements,les autres produits industriels, le textile/chaussures, le bois -papier -carton, les produits plastiques, métallurgiques et autres manufacturés présentent un solde négatif depuis plusieurs années. La tendance est à la dégradation de ces soldes depuis 2009.

Les trois 1ers déficits hors énergie sont dans l’ordre les autres produits industriels (-26,2 Mds, en très forte dégradation depuis 2008), les biens d’équipements (-20,5 Mds), le textile-chaussures (-12,3 Mds).

La faiblesse de l’industrie hors grands équipements apparait ainsi de façon très claire.

 

La France est réputée dépendre de grands contrats pour ses exportations; sans avoir trouvé de définition claire des grands contrats, les chiffres du Trésor annoncent 28 Mds € pour 2011, soit 6% environ du total des exportations; la dépendance est donc moins forte qu’imaginé; en revanche la sensibilité du solde de la balance commerciale à la signature de ces grands contrats est évidemment plus forte.

 

4) Analyse des échanges de la France par pays

Pas d’évolution significative des principaux pays partenaires de la France :

a) Analyse des exportations 2011

  • 61% dans l’Union Européenne à 27 pays; les 61% se répartissent ainsi : Allemagne 17%, Italie, Espagne, Belgique et Royaume -Uni à égalité à 7%, le solde (15%) avec les autres pays.
  • Le solde se répartit principalement entre Asie (12%), Amérique (9%) et Afrique (7%)
  • La Chine est le 8ème client de la France, et le montant des exportations progresse significativement (+23% en 2011, ce qui est considérable !); il représente 56% des exportations françaises aux EU.

Il faut noter que les exportations françaises 2011 vers l’Asie ont crû de 35% depuis T1 2008 tandis qu’elles sont en baisse de 8% environ avec l’Union Européenne.

b) Analyse des importations 2011

L’Allemagne représente de très loin le 1er fournisseur de la France, pour un montant de 86 Mds d’€ en 2011; à niveau quasiment équivalent (entre 37 et 41 Mds d’€) on trouve la Chine (évident), mais aussi la Belgique et l’Italie !!

c) Analyse du déficit par pays

En tendance sur plusieurs années  le déficit de la balance commerciale avec l’Union Européenne se dégrade (36,7 Md € en 2011); il est par exemple de 17 Mds avec l’Allemagne… et de 9 Mds avec la Belgique (notre 3ème déficit !! « va comprendre Georges un tel déséquilibre avec la Belgique… »); le 1er déficit reste avec la Chine (27 Mds d’€). En revanche le déficit avec l’Asie tend à se réduire, du fait de la forte croissance des exportations (+14,2% en 2011).

 

5) Quelles sont les entreprises exportatrices ?

a) Nombre d’entreprises exportatrices

Ce nombre est en baisse continue depuis 2000 (132 000 entreprises), 117 000 en 2011; la baisse semble enrayée depuis 2009.

b) Contribution des entreprises à l’exportation selon leur taille en nombre de salariés

3% du nombre des entreprises (> 250 salariés) font 56% des exportations en valeur; cela signifie donc évidemment que 97% des entreprises font 46% des exportations, soit pour celles-ci un montant moyen par entreprise de 2 m€ environ.

L’appareil exportateur français est donc très concentré sur quelques entreprises, plutôt que s’appuyer sur un nombre important d’entreprises exportatrices.

 

6) Compétitivité prix -compétitivité coût

a) Définition

Il s’agit ici de comparer les prix de vente des produits made in France et les coûts salariaux unitaires en France par rapport à ceux d’autres pays ou ensemble de pays, de façon à faire des comparaisons :

  • moins les coûts salariaux unitaires sont élevés et plus la compétitivité coût de la France est élevée.
  • moins les prix de vente sont élevés et plus la compétitivité prix de la France est élevée.

b) Principaux constats

compétitivité coût :

La compétitivité coût de la France par rapport à la zone euro s’est dégradée de 6% environ depuis 2000; depuis 2000 six nouveaux pays ( Grèce, Slovénie,Chypre, Malte, Slovaquie et Estonie) sont entrés dans la zone euro, avec des coûts salariaux inférieurs à celui de la France : la baisse de la compétitivité coût est donc somme toute peu significative sur la période.

En revanche la compétitivité coût de la France par rapport à la zone OCDE s’est dégradée de 22% environ depuis 2000 : là c’est considérable !

Pour information pendant cette même période la compétitivité coût de l’Allemagne s’est amélioré de 17% par rapport aux pays de l’OCDE.

 

Compétitivité prix :

La compétitivité prix de la France par rapport à la zone OCDE s’est dégradée d’environ 2% depuis 2000; c’est donc peu significatif; on ne peut donc pas attribuer la perte de part de marché au sein de l’OCDE depuis 2000 (voir ci-dessus) à des prix de vente trop élevés :

c’est donc que l’attrait des produits made in France s’est réduit depuis 2000 par rapport à ceux d’autres pays : il n’y a pas d’autre explication possible !

La réponse est dans l’innovation, pour séduire à nouveau les consommateurs du monde, dans les secteurs en souffrance.

 

 Conclusion

  • De vrais atouts, certains à préserver, certains sous-utilisés à développer.
  • Des faiblesses qui sont autant d’objectifs de reconquête à se donner (je ne crois pas à la fatalité).
  • Au boulot les chefs d’entreprise, les salariés, les pouvoirs publics : pragmatisme et cohérence des actions, pour un beau projet collectif.

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