La balance des paiements de la France – position extérieure fin 2010

source : rapport 2010 de la Banque de France sur la balance des paiements et la position extérieure de la France.

 

La balance des paiements : préambule

Le compte financier de la balance des paiements de la France présente les flux financiers entrants et sortants relatifs aux opérations suivantes : investissements directs, investissements de portefeuille, prêts et emprunts réalisés entre résidents et non-résidents français (les définitions un peu plus loin dans le texte).

Le solde 2010 est un solde entrant de 18.2 Mds (les entrées de capitaux dépassent les sorties).

 

I) Les investissements directs (le solde est une sortie de 37.9 Mds)

1) Définition

Les investissements directs à l’étranger (IDE) sont des flux de capitaux qui sont investis dans des sociétés contrôlés par l’investisseur; en celà ils se distinguent des investissements dits de portefeuille, voir plus loin, pour lesquels l’investisseur ne détient aucun contrôle ni influence sur la société dans laquelle il investit (comme vous et moi lorsqu’on investit via le PEA).

Le volume croissant des IDE matérialise la mondialisation croissante des économies, c’est à dire leur interpénétration croissante.

Pour un pays, recevoir beaucoup d’investissements directs de résidents étrangers matérialise son attractivité pour les investisseurs étrangers : c’est considéré comme positif pour son développement économique…

Sauf à mon sens si ces investisseurs étrangers, plus fortunés, empêchent des investisseurs résidents d’investir eux-mêmes (risque d’un phénomène d’éviction); dans ce cas du travail est créé dans le pays bénéficiaire de l’investissement direct, mais les grands bénéficiaires, les actionnaires, ne sont pas des résidents du pays qui reçoit ces investissements.

 

2) Les investissements directs de résidents français à l’étranger (cf tableau T2.2  page 21)

Ces investissements sont soit sous la forme de bénéfices locaux réinvestis localement, soit sous forme de véritables transferts (essentiellement des opérations de fusions-acquisitions).

Ces investissements s’élèvent à 50,7 Mds en 2010, en forte réduction depuis 3 ans (82.2 Mds en 2007); ils sont à 40% sous forme de bénéfices réinvestis.

  • L’analyse sectorielle de ces investissements montre essentiellement le dynamisme du secteur financier, qui représente une large part des investissements directs à l’étranger.
  • L’analyse géographique montre que la zone euro concentre 61% des investissements directs français.

3) Les investissements directs de résidents étrangers en France (cf tableau T2.3 p 23)

Ils s’élèvent à 12.8 Mds, stable par rapport à 2009 mais en forte réduction par rapport à 2008 (32.4 Mds). Ils viennent essentiellement du Luxembourg…ce ne sont évidemment pas des fonds luxembourgeois, mais des fonds qui transitent par le Luxembourg pour des raisons fiscales !!

4) Le solde

Il est systématiquement négatif de plusieurs dizaines de milliards, les ID de résidents français à l’étranger sont systématiquement supérieurs à ceux de résidents étrangers en France.

Le solde est négatif de 38 Mds en 2010, de 62 Mds en 2008, 1.5 Md en 2002  et 145 Mds en 2000 !

Que penser de ce solde très négatif ?? J’avoue ma perplexité !!  Si un lecteur a un avis sur la question il est bienvenu !

 

II) Les investissements de portefeuille (le solde est une entrée de 119 Mds); cf p 24.

1) Les investissements de résidents français en titres étrangers (entrée nette de 23.2 Mds)

Les investissements français en titres étrangers représentent normalement une sortie… sauf si les ventes dépassent les achats (on parle alors de désinvestissement !!).

En 2010 ils génèrent des flux de capitaux entrants, puisqu’en 2010 les résidents français ont vendu pour 23.2 Mds de titres étrangers ; l’évolution par rapport aux années précédentes est considérable, puisqu’en 2008 et 2009 les flux de capitaux étaient sortants, respectivement de 98 Mds et 77 Mds.

Les ventes concernent principalement des titres de dette à court terme, les résidents français continuant d’acheter des actions. Les ventes sont principalement le fait d’institutions financières monétaires (IFM), qui se sont séparé de titres de dette (particulièrement grecs, irlandais, portugais, dont le remboursement est devenu problématique) ; de façon plus étonnante de titres des îles Caïman ???

2) Les investissements de non-résidents en titres français ( entrée nette de 96.7 Mds)

 La moitié des acquisitions portent sur des titres publics (47 Mds), 1/3 sur des titres émis par les IFM. Les non-résidents souscrivent en 2010 plus de la 1/2 des émissions de dette des résidents français.

 Le taux de détention par les non-résidents de la dette négociable de l’Etat (instruments de dettes OAT, BTAN et BTF) est de 68% fin 2010.

En revanche les non-résidents sont vendeurs nets d’actions françaises en 2010, pour 6 Mds.

III) Les autres investissements (opérations de prêts-emprunts) : sortie de 92 Mds

 Cette sortie de cash est la résultante d’un fort désendettement des résidents français  (118 Mds de sortie de cash) et d’une souscription modérée par les non-résidents d’emprunts au bénéfice de résidents français (entrée de cash de 26 Mds).

Conclusion : la position extérieure de la France (- 192 Mds)

Elle mesure la différence entre la valeur de marché des avoirs à l’étranger des résidents français et la valeur des avoirs en France des non-résidents :

Cette différence était quasiment nulle jusqu’en 2007; elle est devenue négative depuis, et représente 192 Mds soit 10% du PIB annuel fin 2010: celà signifie que la valeur des biens détenus par des résidents étrangers en France est devenue supérieure à la valeur des biens détenus par des résidents français à l’étranger.

Celà signifie que s’il fallait que les résidents français remboursent les résidents étrangers de leur valeur détenue en France, alors, après avoir vendu 100% des avoirs des résidents français à l’étranger, il manquerait encore 192 Mds (1.5 mois de PIB), à puiser dans les économies des résidents français.

présentons la photo de la position extérieure de la France à fin 2010 (en Mds) sur les principaux postes (p 75):

Investissements directs

  • Français à l’étranger : 1 140 (+90% depuis 2002)
  • Etrangers en France : 755 (+80% depuis 2002)

croissance équivalente depuis 2002; solde positif de 385 Mds.

Investissements de portefeuille

  • titres étrangers détenus par des Français : 2 100
  • titres français détenus par des étrangers : 2 450

solde négatif de 350 Mds.

Produits financiers dérivés

  • titres étrangers détenus par des Français : 325
  • titres français détenus par des étrangers : 397

solde négatif de 73 Mds.

en conclusion :

  • Le total des avoirs des résidents français à l’étranger est de 5 057 Mds.
  • Le total des avoirs des résidents étrangers en France est de 5 249 Mds.
  • La différence est un solde négatif de 192 Mds.

Je ne sais pas tirer une conclusion du fait que le signe soit négatif, et que la tendance soit à l’augmentation de ce chiffre négatif : merci de votre aide !!